Le CDEN (Conseil départemental de l’Éducation nationale composé des représentant.es des personnels, des usagers et des collectivités territoriales sous la double présidence du Préfet et du DASEN) s’est réuni le 18 février après un boycott à l’initiative de la FSU de la première session prévue le 11 février.

Pendant la pandémie, la casse continue. La FSU dans sa déclaration liminaire dénonce les conséquences pour le Calvados des décisions ministérielles :

Monsieur le Préfet, Monsieur le Directeur académique,

Les grèves du 26 janvier et du 4 février ont montré la colère et l’incompréhension des personnels face à la politique éducative menée. La reprise de l’épidémie depuis cet automne est gérée par le ministère de manière chaotique, soit par le déni, soit par des mesures fluctuantes et confuses. La communication du ministre ne laisse aucune place à la reconnaissance de l’engagement des personnels dans cette période si difficile. Il est incompréhensible que des suppressions de postes interviennent dans ce contexte alors qu’au contraire les besoins nécessiteraient des recrutements d’urgence.

Le boycott des organisations syndicales du CDEN le 11 février s’inscrit aussi dans cette défiance.

La priorité de ce gouvernement est la poursuite des réformes quoi qu’il en coûte. La réforme des lycées est maintenue contre vents et marées, les projets de démantèlement de l’Education prioritaire se mettent en place selon le calendrier prévu. Les expérimentations en tout genre (territoires éducatifs ruraux, autoévaluation des établissements…) sont même menées alors qu’il y a vraiment d’autres priorités. Les préconisations du Grenelle de l’éducation sont très inquiétantes, aucune revalorisation n’est réellement envisagée. Les perspectives tracées sont même démoralisantes, imposition de pratiques professionnelles, augmentation du temps et de la charge de travail, contractualisation des affectations, retour du statut de la direction d’école. L’une des préconisations prévoit même un ralentissement global des progressions de carrière pour la plupart pour valoriser le « mérite » de certain.es. Quel mépris, pour le travail des enseignant.es, d’autant plus dans cette crise sanitaire !

Le ministre est une nouvelle fois dans le déni des besoins. L’an dernier, un rapport du Sénat avait démontré que 66% des HSA injectées n’avaient pas été utilisées. Le Journal officiel du 24 janvier porte annulation de 212 501 312,60€ du budget de l’éducation nationale. Généralement l’Éducation nationale a du mal à finir l’année. Avec Jean-Michel Blanquer cela fait deux fois qu’il n’exécute pas la totalité de son budget. En 2018 déjà 200 millions restaient en fin d’année. L’année suivante, le budget de l’Éducation nationale avait fort peu augmenté. Ces 200 millions économisés sont l’équivalent de 4200 postes d’enseignants dans un budget qui supprime 1883 postes dans le second degré.

Pour le Calvados et pour le 1er degré, les 7 postes supplémentaires pour la rentrée 2021 sont nécessaires au vu des nombreuses priorités engagées par le ministère : dédoublement des classes de GS en REP+, limitation à 24 élèves des classes de GS, CP et CE1 hors Éducation Prioritaire, augmentation des décharges de direction, fin de l’instruction en famille.

L’augmentation de décharge des directions à partir de 7 classes est une avancée, mais la FSU revendique une augmentation du temps de décharge de toutes les directions ainsi que la mise en place d’emplois pérennes d’aides à la direction et au fonctionnement de l’école, un véritable allègement des tâches ainsi qu’une programmation pluriannuelle d’augmentation des décharges de direction.

Pour les collèges, la dotation globale accuse une légère baisse en passant de 32759 heures à 32734. Dans la « logique » de la politique ministérielle, pour une quasi-stabilité des effectifs, nos collèges subissent une diminution des heures postes (118h, c’est à dire -6,55 ETP).

En revanche, le ratio entre les heures postes et les heures supplémentaires continue à évoluer défavorablement au profit des heures supplémentaires (+153h=+8,5ETP), tendance que la FSU continue à dénoncer. Les seuils de constitution des classes demeurent notoirement trop élevés : 28 élèves en sixième et 30 sur les autres niveaux hors éducation prioritaire (24 élèves pour tous les niveaux dans les collèges relevant de l’éducation prioritaire). C’est l’effet de seuil, alors que les effectifs réels ne sont pas toujours pris en compte, qui justifie, aux yeux de la direction académique, les baisses de DHG de certains établissements.

La FSU s’oppose fermement à la généralisation des PIAL. Le bilan, sans la présence des élu.es des personnels, est une mascarade. Cette année, il n’y a jamais eu autant d’élèves non suivis, ou avec des heures bien en deçà des besoins, les AESH ne sont quasiment jamais remplacé.es, laissant dans le désarroi élèves et équipes enseignantes.

La FSU demande que toutes les réserves en heures postes et moyens soient affectées pour ouvrir des classes en plus, transformer des HSA en heures postes, éviter les compléments de services et de trop nombreuses mesures de carte scolaire. Les établissements sont nombreux à s’organiser pour refuser les conditions de rentrée imposées avec des retraits importants d’heures postes : votes contre la DHG en Conseil d’Administration et motions, article dans la presse locale, dépôt de préavis de grève, audience, refus collectif des heures supplémentaires, refus du rôle de professeur principal, pétition. Même les chefs d’établissement ont manifesté leur désaccord devant le rectorat de Caen le 3 février.

La FSU tient à alerter le CDEN sur le danger que fait courir la loi 4D sur la pérennité de la médecine scolaire. Cette loi nie la dimension éducative de la santé à l’école et du rôle spécifique des infirmières de l’Education nationale, perdant de vue l’objectif premier de la santé à l’école : la réussite scolaire de tou.tes les élèves. La FSU demande l’abandon de ce projet et exige le maintien des personnels infirmiers dans la Fonction publique d’Etat, sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale.

Monsieur le Préfet, Monsieur le Directeur académique, la FSU soutient les mobilisations collectives dans les écoles, collèges et lycées, avec les parents d’élèves, afin d’obtenir des conditions d’enseignement dignes pour notre jeunesse. Il faut nous préparer à une crise qui dure. Les personnels savent qu’ils ne peuvent guère compter sur leur ministre, à part pour leur envoyer de temps en temps quelques vidéos…

Avis du CDEN :

-Préparation de rentrée 1er degré :

12 votes contre (pour les organisations syndicales, la FSU, le SGEN-CFDT, Sud-Education, la CGT Educ’Action et les parent.es d’élèves FCPE)

4 abstentions (dont l’UNSA.)

6 votes pour.

-Préparation de rentrée Second degré :

13 votes contre (toutes les organisations syndicales et la FCPE)

4 abstentions

5 votes pour.